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SEQ. 1 - EXT/JOUR EGLISE DE ST PIERREVILLERS/PARVIS Printemps 2003, le parvis dune petite église ancienne. Les cloches sonnent. Des femmes et des hommes endimanchés sortent et salignent en riant de chaque côté du porche. Ils tiennent dans leurs mains de petits sacs de riz. (3 notes de la marche nuptiale en remix) SEQ. 2 INT/JOUR ROUTE NATIONALE DE CAMPAGNE Sur une route nationale bordée de champs, une Twingo double très vite une autre voiture. Son autoradio crache de la musique rythmée. Le titre du film peint à la peinture blanche, apparaît sur la route: Panne des Sens. SEQ. 3 INT/JOUR ROUTE NATIONALE DE CAMPAGNE/VOITURE Le conducteur de la Twingo, cramponné au volant, appuie sur laccélérateur. 35 ans, grand en apparence, un physique fin, une chemise aux couleurs vives, des yeux sombres cerclés de petites lunettes rondes. Cest BENJAMIN LEROY.. BENJAMIN, pour lui Putain, tavances Tu conduis un tracteur, cest pas vrai ! Sur ses genoux, une lettre à en-tête -« Les cèdres verts »- une maison de retraite de la région. SEQ. 4 EXT/JOUR EGLISE DE ST PIERREVILLERS/PARVIS ![]() Sur le parvis de léglise, une pluie de riz tombe sur le couple de mariés. Elle, jeune et jolie femme sensuelle, le visage couvert de taches de rousseur, chevelure rousse sous un voile de tulle blanc. Lui, un homme solidement bâti, un visage rude mais sympathique. Le groupe de femmes et dhommes sagite pour les filmer et les photographier. On distingue les deux TEMOINS, deux jeunes hommes à la carrure imposante et rurale (Olivier et Thierry), la SOEUR de la mariée au visage dange (Laura), une jeune femme dune vingtaine dannées (Marie-F), une ribambelle denfants en tenue guindée, le CURE, tout sourire, un homme à la cinquantaine dynamique et à lécart, la PYTHIE, une femme rousse à la quarantaine sévère, tout de blanc vêtue. Le riz tombe avec violence sur le jeune couple. Rires et cris. (3 notes de la marche nuptiale en remix) La mariée séchappe vers les champs. Une horde de photographes la poursuit. LA MARIEE Qui maime me suive ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() SEQ. 5 EXT/JOUR ROUTE-FERME DE BELLEVUE/VOITURE Au volant de sa voiture, Benjamin LEROY roule toujours très vite. Il ouvre sa vitre. Une rafale de vent le décoiffe. Tout à coup une pluie de riz le force à fermer les yeux. Il lâche le volant pour se protéger à laide de ses bras. La voiture sécarte de la route. La musique est brouillée par les interférences. Il réalise quil roule à gauche, se rabat brutalement. Le moteur a des secousses. La voiture sarrête net. Il se retrouve au beau milieu dun champ. Sonné. SEQ. 6 EXT/JOUR FERME DE WOECOURT/VERGER-VIN DHONNEUR Au milieu dun beau et grand verger, les invités de la noce sont assis à une grande table recouverte dune nappe blanche. Ils trinquent dans un joyeux brouhaha. Les enfants courent tout autour. La mariée, voile au vent, arrive en courant. Elle est accompagnée de Laura et de Marie-F. La Pythie sapproche de la mariée et lui lit les lignes de la main. LA PYTHIE, dun ton solennel Tu nappartiendras pas à ton mari cette nuit, ni même aux premiers rayons du soleil La mariée et les deux filles gloussent. Je vois une fête pleine de chaos LA MARIEE, dans un sourire espiègle Je crois pas à tes salades je sais ce que tu penses de lui, mais je suis sa femme maintenant Et puis, le chaos, ça peut avoir son charme ![]() LE MARIÉ Alors la Pythie, toujours à foutre la merde ! A un bout de la table, un invité renverse un verre de rouge sur le blanc immaculé de la nappe. SEQ.7EXT/FIN DE JOURROUTE-FERME DE BELLEVUE/VOITURE . BENJAMIN, revenant à lui. Putain de putain de putain ! Jhallucine ! Mais quest-ce qui ma pris de revenir ici ? Cest pas vrai, que des merdes ! Il essaie de démarrer la voiture, rien. Il descend de la voiture, un peu sonné, la lettre à la main. Au loin, il aperçoit un hameau. La radio crache toujours la même musique dans la voiture quil laisse ouverte. Il sort son téléphone portable de la poche de sa chemise, compose le numéro de len-tête de la lettre. BENJAMIN (Le son passe mal ou il ny a plus de batterie ?) Oui Les cèdres verts ? (plus fort, il articule)Je suis bien à la maison de retraite « Les cèdres verts » ? Oui, je dois rendre visite à monsieur LEROY, aujourdhui. Oui, cest mon père. Je suis en panne tout près de chez vous, je voulais vous prévenir de mon retard. Mais ne lui dites rien, je vous rappellerai Merci, madame. SEQ.8EXT/FIN DE JOURCHEMIN DE SPINCOURT. Une borne indique : Nouillonpont 3 km Benjamin se dirige vers le hameau en marchant le long dun chemin désert. SEQ.9EXT/CHIEN ET LOUP-FERME DE WOECOURT/ COUR. Benjamin arrive à lentrée du hameau. On découvre une ferme typiquement lorraine construite en fer à cheval, large, massive et austère. Il savance dans la cour où sont garées une trentaine de voitures. Une porte de laile principale face à lui souvre en grinçant sur la silhouette dun homme grand. Un bruit lointain de musique et de rires séchappe. Sur le pas de la porte entrouverte, dans un rai de lumière, on reconnaît le visage de Thierry, une cigarette au bec. Il aperçoit Benjamin, jette sa cigarette, rentre en titubant et referme brutalement la porte derrière lui. Benjamin savance rapidement vers un muret et urine entre deux voitures en sifflotant. Tout à coup, des mains le saisissent par le col et le projettent sur le sol entre deux voitures. Il hurle. Thierry et Olivier le maintiennent solidement. Des lampes torches sallument et laveuglent. Le marié est visiblement très en colère. Thierry lui envoie une forte claque dans la figure. Ses lunettes volent. BENJAMIN hurle toujours Hé, ça va pas les gars ? Quest-ce qui vous prend ? Le marié, le visage fermé, sapproche. Son pied écrase les lunettes tombées près du pare-choc. ![]() LE MARIE, vers la grange, très fort Un voleur ! Ca y est, on en a attrapé un ! Venez voir ! (à Benjamin, inquisiteur) Alors, on vient voler nos bagnoles ? Benjamin, le nez en sang, tente douvrir la bouche mais Olivier lui porte négligemment un coup au ventre qui le plie en deux. Il tente de séchapper, mais est stoppé par ses agresseurs. Le groupe dhommes porte Benjamin à bout de bras et traverse la cour solennellement. La lettre tombe de sa poche. La Pythie, perchée sur le perron de la maison, observe la scène. ![]() SEQ. 10 INT/borgnol FERME DE WOECOURT /GRANGE-BANQUET Le rideau dentrée de la grange souvre sur le banquet. Les trois hommes projettent Benjamin dans la poussière devant la tablée en désordre de fin de mariage. Il a le visage tuméfié et les vêtements tachés de sang. Seuls quelques invités se laissent attirer par le spectacle. ![]() Benjamin relève la tête, hagard. Ses yeux sans lunettes lui permettent seulement de distinguer une multitude dombres à la table. Il se retourne et découvre la grange immense, décorée de lampions, de spots et dune grosse boule métallique. Quelques ombres dansent sur la musique disco crachée par une sono mal réglée. Dans un coin, un homme boit son verre de vin cul-sec. Un autre fait ses gammes sur un accordéon. Benjamin a la tête qui tourne. Le marié sen empare et le traîne sur quelques mètres pour lapprocher de la table. LE MARIE, à lassemblée Un voleur ! On a trouvé un voleur dans la cour ! Beau cadeau de mariage, non ? Pas vrai la Pythie ? La musique sarrête. La Pythie arrive dans son dos, les bras chargés de plats. LA PYTHIE, en marmonnant Un cadeau empoisonné beau fils. Le marié bondit alors sur la table, pousse la vaisselle dun coup de pied avant de sagenouiller devant la mariée, très surprise. Il lui prend la main. LE MARIE Et vous, mon amour, ça vous fait plaisir ? Un beau cadeau, non, pour notre mariage ? Un silence. Une partie des invités reste suspendue aux lèvres de la mariée. Les autres continuent à danser et à boire. LA MARIEE, avec une fausse candeur Oui, beaucoup Mon amooour ! (pour elle)Le chaos, cest sûrement ça Dans un coin, un INVITE ivre, affalé sur la table, se redresse. LINVITE ça y est, encore les mêmes conneries Il bascule en arrière. THIERRY, au marié Hé, le marié, y zont mangé, tes cochons ? Le marié se redresse fièrement et entraîne la mariée avec lui. Le visage de Benjamin se fige. La famille qui entoure les mariés les regarde, stupéfaite. Un des membres de la famille Là, il est temps quon parte ! DJ (off au micro) Il y a comme cela des moments qui deviennent uniques, Changement de musique, le DJ se met au « synthé ». ![]() DJ dune voix suave Invitez votre cavalière et cest parti pour un moment inoubliable (il joue un slow sur son synthé) Le marié et Thierry saisissent Benjamin par la chemise et le traînent à larrière de la grange, vers le hangar à tracteurs. Olivier les suit dun pas nonchalant. OLIVIER Et quand est-ce quon mange la pièce montée ? La mariée grimpe sur le dos du marié. Ils sortent en poussant des cris dindiens. Lhomme à laccordéon leur emboîte le pas et ouvre une procession dinvités dans un morceau de musique folklorique. LA PYTHIE, pour elle Je le connais ce pauvr gars, je sais vraiment pas doù ? Cest pas lui quand même le chaos ? SEQ. 10bis EXT/NUIT FERME / CHEMIN DU JARDIN La procession savance dans la pénombre, dabord Thierry et Olivier traînant le malheureux. Puis le couple de mariés, Laura et Marie F précédé par laccordéoniste ; lombre de ce dernier se découpe sur le mur de la ferme. SEQ. 11 EXT/NUIT FERME / HANGAR AUX TRACTEURS Thierry et Olivier achèvent de ligoter Benjamin. Il se débat en voyant devant lui tous ces énormes engins bien rangés dans des boxes en ciment (tracteurs, moissonneuse-batteuse et différentes herses de toutes tailles). BENJAMIN, il hurle Laissez-moi ! Mais vous êtes complètement tarés ! Je suis pas un voleur, je suis juste tombé en panne dessence. Thierry lui pince méchamment la joue en lui secouant la tête pour le faire taire. THIERRY Cest ça ! Mais nous avons tous quelque chose à nous reprocher Nous sommes tous des voleurs quelque part. Il éclate dun gros rire gras. La procession se rapproche. Les deux jeunes filles sont collées lune à lautre comme deux colombes angéliques. LAURA Quest-ce quils vont lui faire ? Il a lair si mignon MARIE-F Oui Mais il a voulu nous faire du mal. Elles se regardent dans un sourire navré. SEQ. 12 INT/NUIT FERME/GRANGE - BANQUET Une musique rythmée scande un rythme saccadé dans la grange. La Pythie suivie dun groupe de curieux rejoint le lieu du supplice. Quelques invités continuent à danser sur la piste improvisée. SEQ. 13 EXT/NUIT - FERME/HANGAR AUX TRACTEURS Thierry traîne Benjamin et le lâche sous la roue de la moissonneuse batteuse. BENJAMIN, il crie Vous êtes complètement fous ! Quest-ce que vous allez me faire ? Olivier maintient au sol Benjamin et lui pose son talon sur la joue. Le marié et la mariée fendent la foule des spectateurs pour passer au premier rang. Marie-F tient une assiette de saucisses de strasbourg dans laquelle tout le monde pioche. OLIVIER Ta gueule ! (Et voyant lassiette de saucisses) et moi jen veux aussi. BENJAMIN, le visage au sol, difficilement Je voulais juste demander un peu dessence pour ma bagnole Je suis tombé en panne. Cest pas un crime ! Personne ne répond ni même ne semble lécouter. Thierry se met au volant de la moissonneuse batteuse. BENJAMIN, il crie Vous navez pas le droit de faire ça ! Rires. BENJAMIN, il hurle avec assurance Si vous me tuez, la police vous retrouvera et vous serez tous condamnés ! LE MARIE et LA FOULE, en chur Ben voyons, la police Mais que fait la police ? Tous rient. Dun geste de la main, le marié fait le silence. Son visage redevient grave. LE MARIE, à Thierry Vas-y, démarre ! LAURA, tout bas à la mariée Cest dommage, il était vraiment mignon Moi jai pas encore de mari Lengin démarre dans un vacarme assourdissant. Le marié attrape le verre de son voisin et le boit dun trait. La Pythie souffle quelques mots à loreille de la mariée. LA MARIEE Mon amour, attends, jai droit à une dernière faveur Le moteur de la moissonneuse sarrête. ![]() Chorégraphie : Lhomme à laccordéon entame un solo, la musique envahit lespace.. Chorégraphie sous les sunlights : Chanson : « il aurait fait un mari » (la mariée, Marie.F et Laura) Vous lavez vu Mesdemoiselles dhonneur Le bel inconnu A bien des malheurs Mais même sous ltracteur Et lair dépité Ils lont pas encore décapité Allez-y les filles ! Oui tu as raison Les hommes de la ville Cest bien rare dans le canton Cest quand même dommage Un jour de mariage Et en plus il était mignon Ah cest bien dommage Ah ça bien dommage Oui cest bien dommage Ah oui c'est dommage Oui comme c'est dommage Ca oui c'est dommage Cest bien dommage ça oui Ah que c'est dommage Ah ça c'est dommage Ah ça bien dommage Oui c'est bien dommage C'est bien dommage oui Tellement dommage Oui c'est trop dommaj' Il aurait fait un mari Des brins de paille dans la bouche, les trois jeunes femmes les soufflent à la figure des curieux, puis tournent autour du malheureux, de plus en plus dépité. BENJAMIN, il chuchote aux chanteuses Pitié ! Je vous en supplie, mesdemoiselles, demandez-leur de me détacher ! Leur danse tourne à la transe. Benjamin pousse un cri strident pour y mettre un terme. BENJAMIN, il hurle Dites à ces sacs à viande saoule de me détacher ! On a assez joué maintenant ! Le marié et Olivier saisissent fermement les trois filles pour les ramener à la réalité. Puis arrachent laccordéon au musicien et le virent. Fin de la Chorégraphie : Le marié sapproche de Benjamin. Le silence se fait pesant. LE MARIE, à Thierry Maintenant, tu peux redémarrer. Benjamin geint. Thierry redémarre lengin et fait vrombir le moteur. Les trois danseuses rejoignent la foule. MARIE-F, comme amnésique, à Laura Tas vu mon assiette ? Jai toujours faim dans ces moments-là ! Benjamin pousse un hurlement de peur et de désespoir. Lengin est maintenant à seulement quelques centimètres de lui. Olivier se lèche les babines. La Pythie tend lassiette vide à Marie-F, puis se précipite vers Benjamin et lécarte des sillons de la roue. Elle sagenouille près de lui. LA PYTHIE, à Thierry Arrête! (à tous) Avant de mourir, il a le droit de se défendre. Vous oubliez toutes les règles ancestrales Elle regarde la mariée, lui fait un signe de la tête pour quelle se bouge. LA MARIEE, au marié Oui, mon amour, laisse-le se défendre. En lhonneur de notre mariage. Le marié, impérial, tend son verre vide sans regarder. Marie-F le récupère et lèche la dernière goutte. Silence. Lassemblée reste suspendue aux lèvres du marié qui sapproche, dun pas décidé, de Benjamin, toujours à terre. Le marié saccroupit et relève la tête de Benjamin en le tenant par les cheveux. ![]() LE MARIE Cest quoi ton nom ? BENJAMIN, difficilement Ben-ja-min Benjamin Le LE MARIE On sen fout. Que je réfléchisse A quoi tu pourrais nous servir ? BENJAMIN Je sais pas, moi. Détachez-moi ! Je peux vous payer OLIVIER, il sapproche de la roue Tu peux macheter mon bétail ? THIERRY, de la moissonneuse batteuse. Ma dernière récolte, tu peux ? Et celle de lannée prochaine ? LA PYTHIE Epouser ma fille et lemmener à la ville ? LAURA Oh oui mépouser Tous renchérissent dans un brouhaha de rires assourdissants. BENJAMIN Non, détachez-moi. Vous êtes vraiment des malades. Jai rien à faire avec tout ça. Jtravaille à la télé. La Pythie pousse alors la mariée tout près du visage de Benjamin, à moitié assis. LA PYTHIE Toi Benjamin Tu travailles à la télé cest ça, alors, tu peux certainement faire quelque chose pour cette créature de rêve ? Benjamin reste muet. MARIE-F et LAURA, ensemble Il travaille à la télé. Cest génial ! LA PYTHIE, à la mariée Je le savais. Il est venu pour toi, ma belle. LA MARIEE Pour moi ? Pourquoi, quest-ce que jai fait ? LA PYTHIE Rappelle-toi. Je tai prédit une nuit pleine de surprises. LA MARIEE Et de chaos LA PYTHIE Tu veux plus faire la belle ? Comme lautre là, je sais plus comment elle sappelle Celle qui passe à la télé. Tout le monde dit que tu lui ressembles Marie-F et Laura entourent la mariée, ivres de joie. Un brouhaha de voix. Un grand silence. La mariée détache Benjamin et lentraîne vers la grange sous les regards médusés du marié de Thierry et dOlivier. LE MARIE, à Thierry Elles ont décidé quon arrêtait là Notre ptit jeu ça leur plaît plus, mon gars La loi de lhospitalité, cest la loi de lhospitalité, tu sais. Allez, viens, allons fêter ça. (Il lui tape dans le dos) On va boire un coup. Benjamin a le visage dun miraculé. Il pousse un grand soupir de soulagement. Lhomme à laccordéon réapparaît, débraillé. Il commence un morceau de valse, un sourire béat sur les lèvres. Un grand bruit. La musique sarrête net. THIERRY, off Oh non, plus lui. ![]() ![]() SEQ. 14. INT/BORGNOL FERME/ GRANGE-BANQUET/PODIUM Dun pas décidé, la mariée entraîne Benjamin à travers la grange jusquà grimper sur le podium du DJ. Elle échange quelques mots avec celui-ci. Un « larsen » strident. Quelques derniers danseurs se rapprochent du podium . LE DJ Cest pas encore lheure de la jarretière, mais la plus belle mariée de la région veut vous dire un mot, un peu de silence sil vous plaît. LA MARIEE, prenant le micro Je vous remercie encore dêtre venus. On a eu un léger problème Mais cest fini !(elle sourit largement à lassemblée) Dailleurs, je vous présente maintenant, euh Benjamin avec un il au beurre noir bien visible( ), prend un air ahuri. La mariée le tire vers le devant de la scène. BENJAMIN, tout bas, sans micro Benjamin, je mappelle Benjamin. LA MARIEE, très fort, en le regardant Benjamin est notre invité surprise, je peux même dire vedette. Du parterre, Laura tend un mouchoir à Benjamin pour sessuyer le visage. Marie-F lui tend alors un verre de gnole quil boit cul-sec. La mariée lui serre la main et en profite pour se rapprocher de lui. LA MARIEE, avec une voix de petite fille Et puis, je vais peut-être partir dici. Un petit moment Avec Benjamin qui me la proposé Pour travailler avec lui à la télévision Benjamin sort de son état de KO et bombe soudain le torse. BENJAMIN, avec assurance, à la mariée Oui, et, on va faire de grandes choses ensemble. Le marié, fou de colère, fait des signes à sa femme pour quelle se penche vers lavant du podium. LE MARIE Cest quoi ces conneries ? Tu vas suivre cet abruti maintenant ? ça, cest les conneries de ta mère, jen suis sûr. Ya plein de boulot ici et moi, jai besoin de toi. Allez, viens On va danser ! Cest notre mariage, merde ! Le marié entraîne sa femme dans une valse endiablée. Elle, tout en dansant, garde un il inquiet sur Benjamin. Laura et Marie-F entraînent alors Benjamin vers la porte extérieure de la grange. Elles le veulent pour elles seules. LAURA toute exaltée Alors, cest comment ? BENJAMIN Bien. Très sympa, votre petite fête ! MARIE-F, elle le secoue Non, cest comment la télé ? Vous avez déjà vu des acteurs, des gens connus ? BENJAMIN, il sursaute, encore effrayé Des quoi ? Heu Oui, jen ai rencontrés, même des très séduisants et des très connus Il boit un autre verre de vin dun trait. Les deux filles semblent satisfaites de sa réponse. Chacune à leur tour embrasse son il au beurre noir. LAURA Tiens, vlà le curé ! Le Curé entre par le rideau rouge. ![]() LE CURE, légèrement essoufflé Je suis désolé pour ce qui vous est arrivé. En ce moment, on peut plus les maîtriser. Vous comprenez, ya de plus en plus de vols Et alors, ils sen prennent à nimporte quoi. Dire que pendant tout ça, jattendais le réparateur télé. Vous aimez le patinage artistique ? Je lai jamais vu Je veux dire, le réparateur Justement, vous qui travaillez à la télé, vous pouvez pas faire quelque chose pour moi ? BENJAMIN, interloqué Jy connais rien, je ne suis pas dans la technique. Le curé lui montre la lettre. LE CURE (comme un sermon) On sait qui tu es Benjamin. Eux tont pris pour un voleur mais pourtant le mensonge est bien pire. Veux-tu encore faire souffrir ta région ? Je connais ta famille, la famille LEROY De braves gens ; ils ont souffert le martyre après ton départ ! BENJAMIN Pas de sermon le curé, jai rien fait de mal Maintenant jai envie de mamuser un peu. Les témoins arrivent dans le dos du curé et lui prennent la lettre des mains. LES TEMOINS, ensemble Cest quoi ça ? (à Benjamin) Faut que tu lui foutes la paix à la petite. Lui mets pas des idées à la con dans la tête. Tout à lheure, on aurait dû te rouler dessus, tiens ![]() Le curé apeuré, reprend la lettre des mains du témoin. BENJAMIN, rassuré Je suis votre invité vedette et je suis là pour fêter un mariage, alors amusons-nous ! Benjamin entraîne les témoins dans une ronde improvisée. Les deux jeunes filles restent bouche bée. BENJAMIN, il crie sur un ton joyeux Amusons-nous, la vie est si courte La Pythie se rapproche du curé et tous deux observent la scène, lair mécontent. Les jeunes filles dansent avec Benjamin. La mariée, essoufflée, arrive et entraîne alors Benjamin sous le regard médusé du petit groupe. LA MARIEE Viens, jte fais visiter mon domaine Ils séloignent. Le curé et la Pythie sont rejoints par les témoins et se dirigent vers le marié. LA PYTHIE, au marié Jai fait une connerie, cest sûr. Javais imaginé un autre destin à ma fille que dépouser que de tépouser, voilà. Regarde ce que le curé a trouvé par terre. La Pythie prend la lettre des mains du Curé et la tend au marié. Il commence à lire. LE MARIE Quest-ce que cest que ça ? Le fils du Marcel ? Cest le fils du Marcel. Mais quest ce quil fout là ? Et pourquoi il la pas dit plus tôt ? Ah Je commence à comprendre Il est venu là pour se foutre dnotre gueule. Oh putain, tu vas voir Le marié aidé des témoins ouvre en grand lénorme porte en bois de la grange du banquet, pour se diriger vers la cour. SEQ. 15 EXT/NUIT FERME/COUR Dans la cour de la ferme, le marié, le curé, la Pythie, Olivier et Thierry se dirigent vers la mariée et Benjamin. Le marié entraîne le couple un peu plus loin et les enlace avec rudesse. LE MARIE, sûr de lui dans son ivresse Alors, cest pas beau ici ? Tu reconnais, elle est pas verte ma prairie LA MARIEE, repoussant le marié Tu me fais mal, arrête LE MARIE Regardez ! Dans la pénombre, la cour de la ferme avec au loin des champs à perte de vue. On ne distingue que de grandes formes sombres. ![]() LE MARIE Jen suis jamais parti dici, jai jamais voyagé moi. A quoi bon, ya tout ici ! (il regarde la mariée) Tout ce que jaime est là, devant toi, mon amour.(Il se tourne vers Benjamin) Cest pareil pour toi, mon pote. Tu sais pas ce que tu perds ! Les murs de la ferme se découpent dans le ciel, la lune brille. Le visage de Benjamin semble maintenant apaisé. Le marié pose une main sur son épaule. LE MARIE, calmement Allez, on sait qui tu es. (Il le repousse soudainement, la Pythie, le curé, Olivier et Thierry se rapprochent). On la connaît ton histoire Tout le monde se fout de ta gueule ici depuis que tes parti pour la capitale. Tas laissé toute ta famille sans lui donner de nouvelles, ingrat que tu es. Et tout ça pourquoi ? Pour passer à la télé ? Où on ta jamais vu dailleurs ? On ta même pris pour un voleur, un ETRANGER. Laura et Marie-F apparaissent alors dans un grand rire. LAURA et MARIE-F, ensemble, au marié Cest quoi létranger, Allez, viens nous faire danser (au marié). Tavais promis. ![]() LE MARIE Jarrive, les filles. (À la mariée) Tu vois avec quel type tu veux partir ? Allez laisse tomber ce débris. Le marié, Olivier et Thierry fiers de la prestation du marié, suivent les deux jeunes filles,. LA PYTHIE Allez, viens ma fille, cest fini maintenant, y peut plus rien pour toi Le curé et la Pythie séloignent à leur tour. Benjamin et la mariée restent seuls au milieu de la cour. Benjamin pleure. LA MARIEE Jai jamais vu un homme pleurer. Tinquiète pas, va. Cest des conneries, tout ça. Reste comme tu es, je taime bien. Ils regardent les dernières voitures dinvités quitter la cour. Leurs phares scintillent dans le paysage sombre. Ils sembrassent. Au loin, devant la porte de la grange, un groupe dhommes et de femmes sembrasse avant de quitter la grange. ![]() SEQ. 16 INT/NUIT FERME/GRANGE Un couple, visiblement très fatigué, danse encore sur la piste couverte de serpentins. Sans musique. Un homme dort sur le ventre dans la poussière, comme mort. La Pythie ramasse les verres dans un grand panier et commence à chanter. Le marié, saoul, dort sur la table. Laura, la robe ouverte sur la poitrine, est affalée sur une chaise, un verre à la main. La Pythie savance du fond de la salle en chantant. LAURA, pour elle Quest ce quon samuse dans ce mariage ! Dans un coin, un il perçant observe cette scène de fête sur sa fin. On reconnaît la Pythie. LA PYTHIE, pour elle, un peu saoule Cest la fin dune époque, on ne respecte plus rien . CHANSON ACCOUSTIQUE, CHANTÉE EN DIRECT PAR LA PYTHIE . Dans la grange, puis dans la cour de nuit ou au petit matin ? Couplet 1 Mon nom, cest la « Pythie », pour les gens du village Jsuis sévère et aigrie, ça slit sur mon visage Ctantôt jmarie ma fille à un ptit gars dici, Javais espéré mieux mais après tout tant pis. Couplet 2 En ce jour de mariage, aux deux époux jai dit Quelques mauvais présages, chaos, rixe, gabegie. Cest alors quun intrus sest pointé à la fête, Comme on dit au pays on lui a fait sa fête. Pont Dans ltemps, ce gars-là aurait valsé Et puis, on srait rtourné manger Les vauriens, on en a assez Nous, on naime être dérangés (on naime pas les étrangers ) Couplet 3 Ya eu comme qui dirait erreur sur la personne Et nous de chantonner « Kyrie Eleison » Cet étranger dParis, est ancien du village On lvoit à la télé, vla quma fille lenvisage ! Couplet 4 Mais aujourdhui on vit une drôle dépoque Les traditions dici, maintenant cest du toc Comme il était venu, létranger, rpartira Ça nfera pas un pli et puis bon débarras ! Coda Mon nom, cest la « Pythie », pour les gens du village Jsuis sévère et aigrie, ça svoit sur mon visage Ctantôt, jmariais ma fille à un ptit gars dla Meuse, Parait quil est gentil quil la rendra heureuse Quil la rendra heureuse quil la rendra heureuse SEQ. 17 INT/JOUR FERME/ ECURIES Trois boxes, dans une vieille écurie qui semble abandonnée. Benjamin dort seul dans la paille. La Pythie le réveille brutalement . LA PYTHIE Lève-toi, salopard! Benjamin, le front plissé par la migraine, cligne des yeux et se tourne vers elle. BENJAMIN, surpris Quest-ce qui se passe ? Mes lunettes, elles sont où ? Il tâtonne autour de lui dans la paille. Sans succès. BENJAMIN Ah oui, cest vrai, je me souviens ![]() LA PYTHIE Pars, tu nes quun voleur, un menteur, un escroc et jen passe. Jai honte pour toi. Les premiers rayons du soleil sont là, dépêche-toi,pars. Tu nas que trop profité de la nuit. Benjamin se frotte les yeux. Il a le visage tuméfié, un il au beurre noir et la chemise en lambeaux. BENJAMIN Attendez, là Jai rien demandé, moi. On me casse la gueule, on me libère ensuite sous condition et vous me reprochez dêtre un pourri. LA PYTHIE Alors tas rien fait dans laffaire ? Et tous ces rêves que tas foutus en lair ? Jespère bien quils vont te sauter à la figure, tiens. Ce ne sera que justice. Rentre chez toi à Paris. Disparais donc de notre vie ! Jai quun mot à dire et tout recommence. La Pythie séloigne à grand pas, Benjamin se lève difficilement. SEQ. 18 EXT/JOUR FERME/COUR Benjamin sort de lécurie et arrive dans la cour baignée de soleil, traversée par un troupeau de moutons. Il balaye du regard cette énorme bâtisse et se dirige vers la route. SEQ. 19 INT/JOUR FERME/CUISINE ![]() La mariée est à une fenêtre de la ferme. Elle essuie un verre dans la cuisine, regarde Benjamin séloigner. Un éclair vert illumine son visage et laveugle. Elle regarde à nouveau dans la cour : Benjamin a disparu. Lentement, la mariée se tourne alors vers la Pythie assise près dun vieux poêle à bois quelle attise et qui peste comme si elle contenait sa colère. Le marié, assis à la table, regarde la télévision. LA MARIEE Tas dit quelque chose, maman ? La Pythie regarde sa fille avec une grande tendresse, presque avec envie, puis se retourne vers le fourneau, prends un plat de service bien chaud et le pose au centre de la tablée familiale. SEQ. 20 EXT/JOUR ROUTE DE CAMPAGNE - PORCHERIE ![]() Benjamin marche sur une route de campagne déserte, baignée de soleil. Des champs à linfini. Il regarde derrière lui, semble hésiter. BENJAMIN, il crie très fort Et puis merde ! Tous des connards ici ! SEQ. 21 EXT/JOUR VOITURE/ROUTE DE CAMPAGNE La Twingo démarre dans un nuage de fumée. OFF BENJAMIN Benjamin, à Paris sil vous plaît SEQ. 22 INT/JOUR FERME DE WOECOURT-ETANG Un vieil homme est assis sur un banc au bord dun étang, un grand parasol le protège du soleil. Il est dans ses pensées ; soudain une main dans une blouse blanche se pose sur son épaule. ![]() LE VIEIL HOMME (à linfirmière) Mon fils va arriver. Je lai pas vu depuis si longtemps, il na jamais le temps. Jespère quil va me reconnaître Il est vraiment très gentil, vous savez, il va vous plaire, il travaille à Paris, à la télévision. Il va venir cest sûre -FIN- Générique Plans de la twingo sur des routes. |
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